A l’heure où l’on parle d'instaurer l’enseignement des mathématiques dans le tronc commun des classes de première et de terminale, il me paraît important d’analyser l'enjeu de cette spécialité dans l’orientation des jeunes.
En effet, aujourd’hui dès la classe de première, un jeune a le choix de ne plus suivre cet enseignement puisqu’il est amené en fin de classe de seconde à choisir 3 spécialités et donc d’écarter celle relative aux mathématiques.
Avant la réforme du lycée, 90% des élèves de terminale suivaient un enseignement de mathématiques en Terminale.
Seuls 59 % l'ont choisi l'an dernier en spécialité ou en option! . Or les mathématiques restent une matière privilégiée dans de nombreux établissements du supérieur.
Ce constat me pousse à mettre en avant plusieurs points de vigilance auprès des élèves et de leurs parents quant à la poursuite des études et le suivi de la spécialité mathématiques.
Pour les élèves dits “scientifiques”, la majorité d’entre eux prennent la doublette Math/Physique-Chimie en terminale mais doivent ainsi, souvent à contre coeur, abandonner en début de terminale une spécialité scientifique suivie en première, telle que la SVT, la NSI ou les SI. Le bac S précédent permettait encore en terminale d’étudier conjointement ces matières. La seule possibilité aujourd’hui de garder SVT, Physique Chimie et mathématiques par exemple consiste à suivre les mathématiques uniquement en option (3h/ semaine contre 6 en spécialité).
Mais attention certaines prépa ou écoles d’ingénieur post bac demandent de suivre les mathématiques en spécialité et non pas en option, pour prétendre entrer dans leurs formations. C’est le cas des écoles d’ingénieur post bac telles que l’INSA ou les écoles Polytech qui recommandent fortement la spécialité mathématiques et n’accorderont qu’une part mineure aux lycéens ayant pris mathématiques uniquement en option.
➡️ Ainsi pour un jeune, dit "scientifique" , connaître son projet dès la classe de première lui permettra sans aucun doute d'établir une vraie stratégie et ainsi de mieux cibler les deux spécialités scientifiques à garder en terminale.
Auparavant, les élèves qui se dirigeaient vers les sciences sociales ou bien l’économie devaient suivre un enseignement de mathématiques (ancien bac ES) qui leur permettait d’avoir des connaissances en mathématiques plus pratiques. Or aujourd’hui beaucoup d’élèves qui prennent la spécialité SES ne la double pas avec la spécialité mathématiques (cela représente uniquement 7% des effectifs de terminale) mais se tourne plutôt vers la spécialité Histoire Géographie- Géopolitique-Sciences politiques (15% des effectifs prennent ainsi la doublette SES/HGGSP).
Ainsi beaucoup de jeunes se ferment des portes car des parcours dans le supérieur en économie, en finance ou en études de marché demandent indéniablement des compétences en logique mathématique. Cela est notamment nécessaire dès qu'on se prépare à des concours d'entrée en école de commerce tels que les concours Sésame ou Accès qui demandent d'avoir un certain niveau de mathématiques ou bien si on souhaite intégrer une CPGE commerciale (ECG).
➡️ Un arrêt des mathématiques en fin de seconde (et même en fin de première) ne permettra pas un suivi dans ce type de parcours d’études dites "commerciales".
Il est important aussi de prendre conscience que la réforme du lycée qui permet donc l'acquisition de connaissances en mathématiques à plusieurs degrés ne s'est pas accompagné d'une réforme des attendus en mathématiques dans le Supérieur.
Il faut savoir que les mathématiques (ou selon, la logique mathématique) restent enseignées encore dans de nombreuses formations post bac ( Pass/médecine, STAPS, certaines licences scientifiques, Prépa commerciales, Ecole de commerce, école d'ingénieur, Ecoles d'architecture, certains BTS…). Les remises à niveau de 1 à 2 semaines en début d’année proposées par certaines formations (pas toutes) ne pourront malheureusement pas rattraper une ou deux années d’enseignements de mathématiques au lycée.
➡️ Lorsqu'on n’a pas encore de projet défini pour des études supérieures, Il est donc préférable de suivre la spécialité mathématiques le plus longtemps possible au lycée afin de consolider ses bases dans cette discipline et de réussir pleinement dans les études supérieures.
👉 En conclusion, le libre choix des spécialités laissé aux familles et la communication sur le fait que toutes les combinaisons seraient valables est dans les faits un vrai leurre en termes d'orientation en particulier sur la spécialité mathématiques. Partant du principe que les acquis en mathématiques à la fin de la seconde ne sont pas suffisants, plusieurs formations ne sélectionnent que des candidats ayant poursuivi les maths jusqu'au bac, en spécialité ou en option.
💡 Il est important avant de faire ses choix de spécialités et notamment si on a un doute sur la spécialité mathématiques de bien réfléchir à son projet professionnel en amont et d’avoir connaissances des attendus et des recommandations des formations visées en termes de spécialités exigées.
Comments